La fin des (Puff) cigarettes électroniques jetables en France : une réponse à l’épidémie pédiatrique

Par L'équipe FlowersPower Modifié le 13 septembre 2023 à 8 h 49 min
La fin des (Puff) cigarettes électroniques jetables en France : une réponse à l'épidémie pédiatrique

Soutien du gouvernement pour interdire les e-cigarettes jetables. Dimanche dernier, la Première ministre Elisabeth Borne a exprimé son soutien à une interdiction totale et immédiate des cigarettes électroniques jetables, notamment les célèbres Puffs qui poussent les jeunes à adopter de mauvaises habitudes. Le gouvernement présentera bientôt un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme, incluant l'interdiction des e-cigarettes jetables.

Les Puffs : un fléau pour les adolescents français

Le Puff, avec son design coloré et ses parfums sucrés, a rapidement conquis les adolescents en France lorsqu'il est arrivé des États-Unis fin 2021. « J'en achète de temps en temps, c'est sympa pour les soirées, et ça ne coûte que 6-7 euros, donc je peux me le permettre. J'aime bien parce que les saveurs et le design sont cool : j'adore la glace au raisin, la pastèque et le cookie glacé », témoigne une adolescente. Elle n'est pas la seule dans son groupe d'amis à se régaler de Puffs sans jamais avoir fumé du tabac traditionnel auparavant.

Expérimentation et consommation quotidienne en hausse

  • À 17 ans, l'expérimentation est passé de 52,4 % à 56,9 % entre 2017 et 2022 ;
  • L'utilisation quotidienne a triplé de 1,9 % à 6,2 %, selon une étude publiée en mars par l'Observatoire français des drogues et comportements addictifs.

En juillet 2022, 13 % des jeunes âgés de 13 à 16 ans avaient déjà essayé les Puffs, et 28 % des utilisateurs d'e-cigarettes ont commencé avec eux, selon une enquête menée pour l'association ACT-Alliance contre le tabac qui salue l'annonce de son interdiction prochaine.

Une épidémie pédiatrique aux conséquences graves

« Avec les Puffs, nous sommes véritablement face à une épidémie pédiatrique d'entrée dans le tabagisme qui touche des enfants dès 11-12 ans avec la complicité irresponsable de nombreux buralistes qui vendent ces dispositifs aux mineurs en infraction à la loi », déclare le professeur Loïc Josseran, enseignant en santé publique à l'Université de Versailles Saint-Quentin et directeur de l'Alliance contre le tabac. En février, l'Académie Nationale de Médecine qualifiait ce phénomène de piège particulièrement insidieux tendu aux enfants et adolescents.

Bannir les cigarettes jetables : un mouvement européen

Avant la France, plusieurs pays européens tels que l'Allemagne, la Belgique et l'Irlande ont initié des mouvements pour interdire cette cigarette à usage unique. « Dans la pratique, la proposition de loi que nous avons travaillée a été reprise par la députée EELV Francesca Pasquini et soutenue de manière transpartisane au Parlement », explique le professeur Josseran.

Les défis à venir : éviter les manœuvres dilatoires et contourner les interdictions

Le professeur Loïc Josseran ne cache pas ses inquiétudes quant aux éventuelles tentatives de l'industrie du tabac pour retarder ou saboter l'adoption du texte d'interdiction des e-cigarettes jetables : "Je n'exclus pas les manoeuvres dilatoires de l'industrie du tabac pour essayer de retarder ou de saboter l'adoption du texte, et je suis convaincu que les fabricants mettent tout en œuvre pour contourner cette interdiction ou lancer des alternatives, toujours en ciblant les jeunes".

Réaction des adolescents face à l'interdiction prévue

Anaé, une adolescente interrogée sur ce sujet, confie qu'elle continuera probablement à utiliser des cigarettes électroniques, mais choisira une alternative réutilisable plutôt que jetable après l'interdiction. Il reste toutefois un long chemin à parcourir afin de freiner cette épidémie pédiatrique, dont les conséquences sur la santé des plus jeunes sont encore méconnues.

L'équipe FlowersPower